Covid-19 et réchauffement climatique by De Perthuis Christian

Covid-19 et réchauffement climatique by De Perthuis Christian

Auteur:De Perthuis Christian
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: De Boeck Supérieur
Publié: 2020-08-07T11:19:13+00:00


Qui paiera la dette publique (ou ne la paiera pas) ?

Durant la phase de confinement, les États ont, avec l’aide des banques centrales, joué le rôle d’assureur en dernier ressort. Les dettes publiques ont explosé. De nombreux États en sortent fragilisés financièrement. D’où une double question qui se pose lors du redémarrage de l’économie : cette montagne de dette sera-t-elle réellement payée ? Et par qui ? Concentrons-nous sur le cas de l’Union européenne.

Un article9 de Jean Tirole, souvent présenté comme le gardien de l’orthodoxie économique, éclaire fort bien la question. Nous en reprenons la trame. Tirole rappelle en premier lieu que la soutenabilité de la dette ne tient pas uniquement à son montant mais également à son mode de financement et aux modalités de son remboursement. Il identifie quatre scénarios, en réalité quatre leviers pouvant se combiner, pour répondre à la question.

– Le premier scénario serait celui de la répudiation de la dette. Il est écarté par l’économiste, car en répudiant la dette, on s’interdit de lever de nouveaux emprunts. Dans le monde contemporain, cela veut dire qu’on perd sa souveraineté en se mettant sous la tutelle du FMI (ou de son ancienne puissance coloniale dans certains cas). Il existe cependant un contre-exemple réussi, mais ne portant que sur une fraction de la dette publique : l’annulation en 1953 de la dette extérieure de l’Allemagne (dont une partie remontait au traité de Versailles !).

– Le deuxième scénario est celui de l’orthodoxie enseignée dans les manuels d’économie : le déficit d’aujourd’hui est l’impôt de demain. Le prix Nobel d’économie exprime des doutes sur la possibilité de s’en tenir à ce type de méthode. Du fait de la vigueur du double choc sur les recettes et les dépenses fiscales, les États ne pourront pas s’en sortir s’ils n’utilisent que ces armes classiques. Peuvent-ils pour autant s’en affranchir totalement ? La réponse est bien entendue négative. Le choc des déficits et de la dette appelle des réformes fiscales pour trouver des ressources additionnelles.

– Le troisième scénario est la « monétisation » de la dette publique par la banque centrale. Aux États-Unis comme en Europe, les banques centrales ont répondu à la crise en créant une grande quantité de monnaie mise à la disposition des gouvernements. Ils ont fait tourner ce qu’on appelait la « planche à billets » quand la monnaie n’était pas dématérialisée. Cette monétisation des déficits conduit à inscrire au bilan de la banque centrale une créance sur les États. Si les États ne remboursent pas cette créance à son échéance, c’est la création de monnaie qui l’a fait. On a alors monétisé la dette publique. Tirole présente une telle monétisation comme une « option intéressante » en ajoutant qu’elle ne doit pas libérer les États de toute obligation.

– Le quatrième scénario est celui de la mutualisation de la dette publique. L’exemple le plus fameux de mutualisation a été le plan Marshall après la Seconde Guerre mondiale. Le plan de relance préparé par la Commission européenne, qui sera examiné au prochain chapitre, utilisera ce levier de la mutualisation.



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